DIAPHANE MONOCHROME RVB 01

 


Territoires numériques


Une coopération France-Québec, dans le cadre d'un échange artistique avec les Rencontres internationales de la photographie en Gaspésie.
Avec le soutien du Service de Coopération et d’Action Culturelle du Consulat général de France à Québec.

Diaphane et les Rencontres internationales de la photographie en Gaspésie ont en commun une volonté de réaliser sur leurs territoires un véritable travail de fond en matière de création, sensibilisation et diffusion de la photographie.
Depuis 2015, trois projets d’échange se sont succédés : Picardie-Gaspésie pour la photographie (2015-2016), Territoires imprimés (2017-2018), Territoires numériques (2019-2020). 

Au programme :
   • Des résidences de création croisées  permettent à des artistes québécois d’être accueillis en Picardie quand des artistes français découvrent de leur côté la Gaspésie.
   • Des restitutions des travaux réalisés au cours des temps de résidence ont lieu de part et d'autre, pendant les Rencontres en Gaspésie et à l'occasion du festival des Photaumnales, à Beauvais.
   • Des commissariats croisés permettent la présentation d’expositions de photographes français en Gaspésie tandis que Les Photaumnales présentent les travaux d’artistes proposés par les Rencontres de la photographie en Gaspésie.
   • Des publications conjointes de livres photographiques. 
   • Des échanges entre les équipes des deux festivals.

 

Artistes accueillis en Gaspésie
Mathilde Lavenne (2022)Sophie Zénon (2019)Martin Becka (2017), Sarah Ritter (2017)Ambroise Tézénas (2016), Claudia Imbert (2015)

Artistes accueillis en Picardie
Natacha Clitandre (2022)Jocelyne Alloucherie (2019), Serge Clément (2017), Steve Veilleux (2017), Robert Walker (2017), Jessica Auer (2016), Normand Rajotte (2016), Benoît Aquin (2015), Isabelle Hayeur (2015)

 
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Les résidences


 

Mélissa Pilon

Foules
Mélissa Pilon


Exposition présentée lors des Photaumnales 2020
Entretien avec l'artiste : La minute de l'image


Depuis quatre ans, je collectionne les images de foules que je trouve dans des livres, des magazines, des journaux et des archives de photograhpes. Ces images de rassemblements et de marées humaines proviennent de contextes variés : foules d'hivers, foules en détresse, foules revendicatrices, foules assoifées de liberté, foules de vacanciers, foules en mouvance, foules en liesse, foules de guerres, etc.

Toutefois, elles semblent toutes porter en elles une réflexion commune autour de la masse humaine, ses interactions et ses variations. Mon projet ne souhaite pas mettre l'accent sur la provenance  des photographies ni sur leur contexte historique, géographique ou politique. Je fragmente et je recompose des images en diptyque de manière à mettre en évidence les motifs, les textures, les compositions graphiques, les déplacement, le mouvement des corps et des regards. Je m'intéresse à l'aura poétique dégagée par ce travail d'édition de la foule. C'est un rapport direct du regard sur le regroupement humain qui est privilégié dans cette recherche où les archives deviennent autant de textures sensibles que les documents. L'individuel et le collectif s'y rencontrent et s'entremêlent dans le flou, la haute définition, la compression, l'identité et sa disparition. c'est comme si envers et contre la fixité de l'image, l'énergie des corps en mouvement est toujours perceptible. C'est précisément cette tension que je cherche à présenter.

Amélie Chassary

Éloge de la simplicité
Amélie Chassary


Exposition présentée lors des Photaumnales 2019
et à l'occasion des Rencontres internationales de la photographie en Gaspésie en 2020


J'aime errer au milieu des étalages de marché. les fruits collés les uns aux autres sont à mes yeux comme des oeuvres d'art en mouvement devant lesquelles on passe pourtant sans s'arrêter. Chaque fruit avec lequel je travaille est d'abbord minutieusement observé. Je tourne autour, je manipule, je goûte, je prends possession. puis, je le met en scène dans un espace clos où la lumière circule doucement et avec lenteur sur les formes.
Mes couleurs sont proches de la terre et du ciel pour retrouver une harmonie parfaite avec la nature. Dans ses photographies, j'ai recherché une sérénité dans l'art de l'observation. Lorsque je compose mes natures mortes, le temps s'arrête et le silence s'installe. Je trouve une forme de sagesse qui me coupe du reste du monde.

Jocelyne Alloucherie

Le bleu des glaces
Jocelyne Alloucherie


Exposition présentée lors des Photaumnales 2019


Ces photographies ont été prises en 2008, au large de la côte nord-est de Terre-Neuve dans cette zone appelée Icebergs Alley,  qui marque annuellement le passage des glaces descendant entre le Labrador et le Groenland. Je suis allée au plus près de ces  blocs en dérive pour en saisir la pleine présence et en rendre une sensation différente, celle d'une confrontation avec leur échelle, 
leur matière, leur découpage insolite; et traduire l'impression d'une promenade à fleur d'eau dans le voisinage de ces glaces millénaires.

L'aventure était parfois périlleuse. J'y suis allée avec des pêcheurs, dont de petites barques à fonds plats que l'on appele, au Québec, des verchères. 
Les photographies ont été prises vers la fin du jour pour les Syrènes et tôt le matin pour les Brumes.

L'expérience laisse une impression étrange, celle d'un froid intense irradiant localement et fortement d'une  masse imposante. Au point de sa rencontre avec la surface de l'eau, aucun abordage ne semble possible,  car la glace est lisse et rongée en courbe par l'eau qui s'y frappe. Et les icebergs chantent, ils émettent des bruits très sonores; ils gargouillent, ils craquent, ils ruissellent du sommet vers leur centre. Selon l'intensité de ces  sons, il faut rapidement s'éloigner car ils se fracturent et basculent. 

Tout près, leur crêtes se découpent étrangement sur des ciels d'orages, les surfaces dures donnent l'impression d'une mollesse presque plastifiée, comme si elles continuaient à fondre sous nos yeux; les traces de fractures s'adoucissent et s'arrondissent à mesure que l'iceberg vieillit.

Photographe, sculpteur et artiste conceptuelle, Jocelyne Alloucherie est née à Québec en 1947. Elle vit et travaille à Montréal. Elle est représentée par la galerie Fraçoise Paviot à Paris, The 511 Gallery à New York, et les galeries Roger Bellemare et Christian Lambert à Montréal.

Sophie Zénon

Dans le mirroir des rizières (Maria)
Sophie Zénon


Exposition présentée lors des Rencontres internationales de la photographie en Gaspésie en 2019
et à l’occasion des Photaumnales 2018


Pour le projet Dans le miroir des rizières, Sophie Zénon crée une rencontre irréelle avec la figure de la mondina italienne, qu'elle revisite  à travers celle de sa grand-mère maternelle, Maria. 

Son histoire familiale s'entrecroise avec celle, anonyme, de ces ouvrières saisonnières dont le travail consistait à repiquer de jeunes plants de riz dans le Piémont Italien. Les rudes conditions de travails ont été à l'origine d'importants mouvements sociaux et inspirés plusieurs chants, œuvres littéraires et cinématographiques en Italie.

Imprimé sur voile ou sur Plexiglas, le portrait de la grand-mère de l'artiste est mis en scène au  sein d'une vaste propriété rizicole datant du XVe siècle. Ses photographies s'incarnent dans ces lieux aujourd'hui à la fine pointe de la technologie en matière de transformation du riz, mais où le  dortoir des femmes est resté intact. Les murs, les objets préservés deviennent un décor de théâtre pour le visage noir et blanc. Ces mises en scène sont associées à un ensemble d'images trouvées,  transformées et produites, par l'entremise desquelles Sophie Zénon construit son propre album,  sa propre histoire. Les récits se dévoilent à la fois personnels et historiques, liés à l'histoire de l'immigration italienne en France pendant l'entre-deux guerres. Ils permettent aux images passées comme présentes de se rencontrer hors du temps pour visiter la mémoire et l'imaginaire de chacun. 

Sophie Zénon se concentre depuis la fin des années 2000 sur la mise en scène photographique de l’absence, sur notre rapport aux ancêtres et à la filiation. Elle a été lauréate de plusieurs prix, notamment le prix Résidence pour la photographie de la Fondation des Treilles (2015) et le prix Kodak de la critique (1999), et a été mise en nomination pour le prix Niépce (2011, 2015) et le Prix de l’Académie des beaux-arts (2010). Elle est représentée par les galeries Thessa Herold (Paris), Comptoirs arlésiens (Arles) et Schilt (Pays-Bas).

​Les photographies de Sophie Zénon ont été réalisées grâce au prix Résidence pour la Photographie de la Fondation des Treilles (France) dont l’artiste a été lauréate en 2015.

Serge Clément

Fragments et Trans
Serge Clément


Serge Clément a été accueilli en résidence en Picardie à l'automne 2017 dans le cadre d’un partenariat entre Diaphane et les Rencontres internationales de la photographie en Gaspésie, avec le soutien de la Commission permanente de coopération franco-québécoise


Automne 2017, une résidence d’artiste déclinée en 3 lieux,
Amiens, Beauvais et Clermont sur 3 semaines :

" Un séjour, une marche, un récit, a journey
le regard de l’étranger sur cette urbanité, ses espaces aménagés, domestiqués
empreintes de ses lumières d’octobre, de ses effluves, de soleils évasifs
porté par les hasards, les coïncidences, des énigmes
extraits de son patrimoine architectural, historique, industriel, littéraire, filmique
le périple du marcheur, à hauteur d’homme
à cartographier, décrypter, marcotter
un cycle de trajets fracturés, de perspectives tronquées
d’architecture hérissées, de lumières en turbulences
de fictions à haute densité, en précipité
d’extrusions et de rêves défrichés
un cycle d’images devenues écriture, méditation
possiblement déflagration, alchimie
qui magnifient le réel, sa musique, sa poésie, ses immensités
l’imaginaire, ses mouvements intérieurs, ses migrations
images - palimpseste, a journey
images qui nous dépassent
entre durée, indicible
images qui défigurent, transfigurent "

 

Martin Becka

La ligne silencieuse
Martin Becka


Résidence de création en Gaspésie en 2017, suivie d’une exposition lors des Rencontres internationales de la photographie en Gaspésie en 2018
et lors des Photaumnales 2018 


" Bien qu’elle ne fonctionne plus dans sa plus grande partie, la ligne de chemin de fer du sud de la Gaspésie, entre New Richmond et Gaspé,continue à  être intimement liée au territoire, passant parfois sans aucune délimitation au coeur même des bourgs, croisant les routes, enjambant rivières et vallons. 

Les ouvrages d’arts impressionnants semblent se faire tout petits face aux paysages grandioses des estuaires. Les gares modestes, parfois nichées en pleine nature ou limitrophes de villes, ne manquent pas d’être signalées par des panneaux qui témoignent de leur importance. Entre les maisons des villages, au bord de l’eau, ou au coeur des forêts, ce fil d’Ariane tisse la trame du territoire entre les habitants et leurs paysages, paysages gaspésiens dont l’immensité est fascinante pour un oeil européen.
Évoluant à proximité de ces rails devenus silencieux, j’y ai croisé à mon étonnement beaucoup plus de monde que je ne pouvais l’imaginer. Promeneurs, sportifs, habitants de maisons situées à proximité, la plupart des Gaspésiens rencontrés s’interrogeaient sur l’avenir de la ligne, des conséquences pour le futur de la région de sa remise en état ou de son abandon... "

Sarah Ritter

Au fond du ciel
Sarah Ritter


Exposition présentée lors des Rencontres internationales de la photographie en Gaspésie en 2017


Sarah Ritter ne travaille pas par anticipation, mais par « occasions », pour lesquelles elle arpente divers terrains. 

Guidée par le principe de l’obsession, elle accumule puis articule entre elles des images, qui forment un montage photographique comme un chœur. 

Les photographies appellent le récit tout en empêchant sa clôture, attisent le regard sans donner pour autant la clé de cette tension. Au fond du ciel 
est une série d’images croisant portraits et paysages pris dans des lieux très différents. Ces lieux peu marqués par des repères, emplis de zones noires 
et de présences humaines disparaissantes échappent au regard frontal. Elles expérimentent un point de bascule entre le visible et le hors-champ, pour toucher à la 
nature profonde de l’image photographique.

http://www.photogaspesie.ca/portfolio/sarah-ritter-au-parc-national-de-la-gaspesie/

Steve Veilleux

Projections
Steve Veilleux


Exposition présentée lors des Photaumnales 2018


On peut aisément se figurer la scène. Par une nuit sans lune, les phares de haute intensité allumés, la voiture neuve d’un couple neuf fonce 
sur une route lointaine, hors des centres- villes. Comme un éclair, une affiche publicitaire montrant de futurs ensembles résidentiels surgit, 
habite l’imaginaire un instant, puis s’évanouit.

Le travail de Steve Veilleux nous place devant ce moment où l’image préfabriquée et prophétique d’un promoteur immobilier n’a pas encore 
rencontré sa concrétisation. On distingue certaines de ces affiches photographiées de nuit au flash. Seulement, voilà que les informations 
écrites sur les panneaux-réclames ont été gommées, ne laissant pour ainsi dire que la « rhétorique graphique » faite de modélisations 
infographiques tridimensionnelles et de clichés de familles aux sourires factices et anonymes tirés de banques d’images en ligne.

Né en 1985, Steve Veilleux est un artiste québécois originaire de Contrecœur (Canada).

Robert Walker

New York, chaos et cacophonie
Robert Walker


Exposition présentée lors des Photaumnales 2018 à Beauvais


La couleur c'est le pouvoir » apparaît comme le slogan qui jalonne le travail photographique engagé que mène Robert Walker sur les métropoles telles que New York, Paris, Rome ou encore Varsovie et Toronto. Convaincu que la publicité veut séduire et soumettre la masse de consommateurs auxquels elle inocule sans cesse de nouveaux besoins, il utilise dans ses images les codes de celle-ci, les récupère et les plie a sa propre vision de l'espace urbain.

Peintre de formation, porté vers l'abstraction, il entend se servir des couleurs de Times Square - véritable ground zéro de la société de consommation - pour recomposer texteset images aux accents publicitaires, selon une logique critique et grinçante  n'ayant plus rien de commerciale.

Robert Walker est né à Montréal où il a étudié la peinture à l’université Sir George Williams. Dans les années 70, il a orienté son travail sur la ville et la photographie.

Ambroise Tézenas

La vallée
Ambroise Tézenas


Ambroise Tézenas a été accueilli en résidence en Gaspésie en juin 2016 dans le cadre d’un partenariat entre Diaphane et les Rencontres internationales de la photographie en Gaspésie, avec le soutien de la Commission permanente de coopération franco-québécoise


Le premier jour, je photographie une maison abandonnée dans la brume, avec son toit qui s’écroule on a l’impression qu’elle s’envole. L’ambiance est lourde, le ciel bas, je cherche à comprendre un peu mieux ces paysages que je traverse, je m’arrête dans des cafés de bord de route. A Sainte-Florence, petit village de la Vallée de la Matapédia un couple sans histoires a été retrouvé mort, assassiné par leur petit-fils il y a quelques années. Dans les villages, les écoles sont menacées de fermeture, quand ce n’est pas déjà fait, et luttent pour survivre malgré la désertification inexorable. Je ressens le besoin de me raconter des histoires. Je ne profiterai pas de cette frontière entre la terre et le Golfe du Saint-Laurent qui offre au voyageur tous les éléments du parfait road trip. Le soleil qui m’a accueilli a disparu, il pleut et les prévisions ne sont pas optimistes. 

Normand Rajotte

Aimer la nature
Normand Rajotte


Normand Rajotte a été accueilli en résidence en Picardie à l'automne 2017 dans le cadre d’un partenariat entre Diaphane et les Rencontres internationales de la photographie en Gaspésie, avec le soutien de la Commission permanente de coopération franco-québécoise

Lien vers la vidéo ici


" Depuis plusieurs années, j’explore un territoire forestier de quelques kilomètres carrés situé au sud-est du Québec. Observant l’avancée de la végétation et les traces de l’activité animale, je photographie l’incessante métamorphose de  « ma » forêt.  Au fil du temps, je m’y suis enraciné. Dans cet esprit, ma résidence en Picardie, vu sa brièveté et la nouveauté des lieux, s’est présentée à moi comme un défi. Pour le relever, j’ai concentré mon action et m’en suis tenu à deux secteurs situés à quelques kilomètres de la ville de Clermont, où j’habitais. 
J’ai d’abord choisi une parcelle boisée de quelques hectares dans le Marais de Sacy. J’y ai été attiré par sa végétation dense, vibrante. Un chaos visuel qui témoignait d’une vie intense. Un espace englobant, secret, comme j’en ai rarement rencontré.Je me suis ensuite orienté vers la forêt de Hez-Froidmont, où au premier contact, j’ai été impressionné par ses grands arbres, sans équivalents chez moi. Magnifiques végétaux dégageant une force rassurante, presque tangible. En y poursuivant mes incursions, j’ai aussi répertorié diverses traces d’activité humaine, en particulier celles laissées par l’exploitation forestière qui, quoique photographiquement intéressantes, me sont apparues moins rassurantes pour le devenir des lieux. J’aurais continué, je commençais à me sentir un peu plus chez moi. Le temps était écoulé."

Jessica Auer

Seeing the forest for the trees
Jessica Auer


Jessica Auer a été accueillie au printemps 2016 en résidence en Picardie dans le cadre d’un partenariat entre Diaphane et les Rencontres internationales de la photographie en Gaspésie, avec le soutien de la Commission permanente de coopération franco-québécoise

Lien vers la vidéo ici


"Je suis partie de la collection d’oeuvres d’art historiques du MUDO-Musée de l’Oise. Ces oeuvres, pour la plupart créées par des peintres de la région, ont été mon introduction aux paysages de la Picardie. J’ai découvert dans cette collection les travaux de peintres paysagistes et j’ai été particulièrement attentive à la manière dont ils perçoivent les lieux et traduisent leurs observations dans une oeuvre d’art – leur attention aux détails, leur style personnel et la façon dont ils restituent la lumière. Inspirée par deux oeuvres particulières, l’une de Paul Huet (La Forêt de Compiègne) et l’autre de Claude Sébastien Hugard (Le Trou fondu), j’ai commencé une exploration photographique de la forêt de Compiègne, l’une des grandes forêts de la région. Cette forêt est non seulement un site naturel d’intérêt, mais elle revêt également une grande importance historique avec une occupation remontant à l’époque romaine. 

Mon but était de saisir le caractère mythologique de la forêt ainsi que son identité contemporaine. Marchant le long des sentiers et à travers certains endroits plus sauvages, j’ai étudié la variété des arbres, les effets de la lumière sur le paysage, et recherché des traces du passé laissées par les cycles environnementaux et par l’intervention humaine. En utilisant la photographie, je souhaite faire référence aux qualités romantiques de la forêt qui ont captivé les peintres paysagistes du 19ème siècle, tout en créant une série qui propose une perspective réaliste de la forêt d’aujourd’hui."

Isabelle Hayeur

République
Isabelle Hayeur


Isabelle Hayeur a été accueillie en résidence en Picardie en novembre 2015 dans le cadre d’un partenariat entre Diaphane et les Rencontres internationales de la photographie en Gaspésie, avec le soutien de la Commission permanente de coopération franco-québécoise


"Arrivée en France depuis peu, je suis à Paris dans le Xème arrondissement lorsque que les événements du vendredi 13 novembre 2015 éclatent. La population est pétrifiée, paralysée. Ce ne sont pas les premiers attentats qu’elle subit, mais cette fois, c’est la nation qui se sent attaquée. Les réactions sont épidermiques, le patriotisme est exacerbé… En mission photographique à Beauvais, je m’intéresse aux contrecoups de ces attentats. J’observe les réactions, j’écoute les conversations, je photographie ce que je vois, souvent à la dérobée. Le territoire est maintenant sous haute surveillance, on renforce la sécurité, on fouille les sacs, fait ouvrir les blousons, contrôle les cartes d’identité, réprime la dissidence, intensifie les frappes sur la Syrie... La France a peur, peur de l’autre qui la traque, mais qui est cet autre au juste ? 

J’essaie de comprendre d’où cela vient. Avons-nous peur de réaliser que cela vient aussi de nous ? à Paris, le Monument à la République se transforme en un mémorial improvisé. Je le photographie chaque jour. Il n’est jamais tout à fait le même : il se fait et se défait au fil des ajouts de fleurs et de témoignages nouveaux. Photographies, dessins et affichettes y sont déposés quotidiennement. La pluie les altère, déforme les images, les rend floues, efface des mots, diffuse l’encre ou la fait couler au sol. Elle leur confère ainsi une nouvelle apparence, souvent plus poignante que l’original et qui semble meurtrie."

Claudia Imbert

Petite-Vallée
Claudia Imbert


Claudia Imbert a été accueillie en résidence en Gaspésie en juin 2015 dans le cadre d’un partenariat entre Diaphane et les Rencontres internationales de la photographie en Gaspésie


"Suite à une invitation en résidence sur le territoire de la Gaspésie, je me dirige vers la côte Nord de la péninsule. « Plus sauvage » me dit-on. « Tu vas y rencontrer de sacrés personnages ! ». Je n’ai pas photographié les personnages en question mais ils ont été les passeurs. Ils m’ont accueillie avec le coeur et présentée à la communauté. Je me suis donc posée à Petite-Vallée. Mais comment raconter ce lieu à la fois puissant et déroutant ? Je cherchais le centre-ville et ne le trouvais pas. Je cherchais des passants, ils ne semblaient jamais quitter leur voiture. Et chaque jour, je me trouvais confrontée à une météo différente : brouillard, soleil, vent, pluie, gris, soleil, froid, très froid, chaud, bleu, tempête. Je collectionnais alors les portraits de maisons, comme une petite fille qui répète le même dessin pour le parfaire. Puis les séances de portraits m’ont permis d’aller plus loin. Ces moments d’équilibre où l’on se cherche, photographe et personne photographiée, quelle que soit la scène. Tout est possible, seules l’intuition, l’envie nous ont réunis ici et maintenant. C’était une manière de lui prendre le pouls, ralentie en son propre coeur car hors du temps ou à « la fin des terres*», Petite-Vallée dégage un doux parfum d’étrangeté".

Benoît Aquin

Rural
Benoit Aquin


Benoit Aquin a été accueilli en résidence en Picardie en juillet 2015 dans le cadre d’un partenariat entre Diaphane et les Rencontres internationales de la photographie en Gaspésie, avec le soutien de la Commission permanente de coopération franco-québécoise


Intéressé par la réalité du monde agricole, j'ai récemment commencé à visiter des fermes en proximité de Montréal afin de les photographier. Non seulement ai-je trouvé un sujet qui poursuit les préoccupations écologiques qui guident mon travail depuis de nombreuses années, mais il m'a semblé que ces fermes constituaient un cadre adéquat pour radicaliser ma pratique photographique.
J’ai  été invité à participer à une résidence en Picardie avec Diaphane. Je crois que l’exploration de ce territoire français et des pratiques agricoles qui y sont liées ajouteront un pivot important à la démarche que j’ai entamée. Pour bien comprendre le projet proposé, il faut savoir qu'à propos des perspectives offertes par le monde agricole à l'horizon de 2050, les agronomes Mazoyer et Roudart considèrent que nourrir une population mondiale estimée à 9 milliards d'humains supposera une intensification drastique de l'agriculture sur l'ensemble de la planète. Quelques errances dans les campagnes québécoises suffisent à témoigner que cette intensification est déjà effective. Là où la force de l'homme a été supplantée par une machinerie agricole de jour en jour plus sophistiquée, il n'existe plus de différences réellement significatives entre la production du vivant et l'industrie de l'armement. Là où la spécialisation du travail agraire désagrège des tissus communautaires immémoriaux, la quête spirituelle devient une bouée de survie. Là où, enfin, l'anthropisation de la terre nourricière a rompu l'équilibre et l'harmonie qui unissaient jadis l'homme et la nature, la vie est en sursis. Un regard sur le modèle français me semble tout aussi légitime pour diffuser ma vision du monde rurale et de ses transformations. Ce projet s’inscrit dans la continuité des travaux photographiques que j'ai réalisés depuis près de dix ans, sur des enjeux environnementaux importants de notre époque et dans diverses régions du monde. Mentionnons notamment le projet Le « Dust Bowl » chinois, un essai réalisé de 2006 à 2009 et portant sur la désertification due aux mauvaises pratiques agricoles et à la pression démographique dans le nord-ouest de la Chine. Récompensé du Prix Pictet, qui est décerné à des œuvres photographiques qui sensibilisent le public à la cause du développement durable, ce projet a fait l’objet de plusieurs expositions internationales et des images qui en sont tirées font désormais parties de nombreuses collections.
J’essaie de présenter la nature, non pas d’une manière romantique, comme un lieu idyllique, sauvage, séparé et immuable, qu’il faudrait conserver tel quel, mais comme un système, un système de relations, ouvert et en constante transformation, qui comprend les activités humaines. Un projet qui peut aussi ouvrir sur un projet politique—l’équilibre des forces, l’entretien du système—à des fins simplement humaines."