DIAPHANE MONOCHROME RVB 01

 almond

Almond Chu

Ancien collège Fernel, Clermont


Lors de ma résidence de création à Clermont, mon appartement se situait à côté d’un bâtiment d’une architecture assez remarquable. J’ai appris que c’était un collège construit en 1938. De style Bauhaus, l’établissement scolaire secondaire a accueilli jusqu’à 1 400 élèves. Le bâtiment est inoccupé depuis 2004. Ce qui m’a étonné, c’est sa taille. C’est en effet une grande école dans une petite ville. Je me demande si tous les habitants de la ville y ont étudié. Franchement, le style du Bauhaus est aujourd’hui rébarbatif, mais il représente l’histoire et une révolution dans le design qui a eu une forte influence dans le monde. Avec mes photos, j’essaie de documenter la relation entre le collège et la ville. Je regarde les traces que les élèves ont laissées, les marques qui ont été écrites. Je scrute la construction, de l’intérieur comme de l’extérieur. C’est un vestige du patrimoine, de l’histoire. C’est aussi la mémoire collective des habitants du Clermontois. 

— Almond Chu

Le 10 juillet 1938, la première pierre de ce nouveau collège est posée par Édouard Herriot, Président de la Chambre des Députés. Les clefs sont remises par la Municipalité au Principal le 4 mai 1940. Dans son discours, le Préfet de l’Oise s’adresse aux élèves : il leur appartient de se rendre compte des efforts réalisés par la collectivité qui ont permis de construire ce collège, « un des plus modernes et des plus beaux de France ». Ce bâtiment de style « paquebot » respecte les préceptes du Bauhaus et de Le Corbusier. Almond Chu a été accueilli en résidence à Clermont en 2016-2017 dans le cadre d’un partenariat entre le festival Les Photaumnales, l’Alliance française de Hong Kong et le Hong Kong International Festival.

Né en 1962 à Hong Kong, Almond Chu, diplômé de l’École de photographie de Tokyo en 1986, ouvre son propre studio à Hong Kong en 1993. Il est représenté par Yoko Uhoda Gallery à Liège (Belgique) et à La Galerie, Paris 1839 à Hong Kong.

Almond Chu City of Ruins 3

Almond chu

City of Ruins & Artificial Landscapes


City of Ruins 2009

« En 2009, un an après le grand tremblement de terre au Wenchuan, je suis allé voir les zones les plus touchées. En tous lieux, des scènes de désolation : les maisons effondrées, les débris éparpillés sur le sol. Je suis resté sur place quelques jours. Je prenais des tonnes de photos, comme un fou, dans l’espoir de conserver la mémoire de ce désastre. Quand j’y suis retourné en 2010, il n’y avait plus trace de tout cela. La vie avait repris son cours. Une vision étrange ! ». 

Artificial Landscapes 
« Je suis né à Hong Kong où je vis depuis des années. Un jour, mon regard s’est ouvert. Soudain, j’ai eu une vision plus claire et intense de cette ville. Hong Kong a une telle densité de population ! La pénurie de terrain et les prix exorbitants de l’immobilier ont intensifié le problème du logement dans la ville. Alors que la classe populaire subit la compression de son espace de vie, le Gouvernement utilise étrangement les zones résidentielles pour construire des parcours d’entraînement au golf pour le divertissement des classes aisées sans tenir compte des besoins des classes populaires. Je ressens tout cela comme une forme de contradiction et d’ironie. La valeur intrinsèque de la vie s’effondre. Notre civilisation et l’urbanisation qui s’y déploie ne causent pas seulement des dommages écologiques mais nuisent aussi à notre spiritualité. Toutes ces pensées ont éveillé en moi un sentiment inconnu de vide. Je continue à y réfléchir au travers de la photographie ».